Dans la progression rapide de l’Internet de tout, qui cimente l’invraisemblable orgie technologique exposée au CES cette semaine à Las Vegas, ce qui frappe c’est la montée en puissance — en toile de fond invisible – de l’intelligence artificielle, à la demande, agrégée, partagée en temps réel, qui est en train de tout changer.
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Tout changer dans l’automobile, la médecine, le sport, l’éducation, la finance, la pub, Hollywood, les villes, grâce à des systèmes qui comprennent, calculent, raisonnent, apprennent, prédisent, partagent et… décident. Sans avoir été programmés pour cela.
La voiture autonome n’a pas besoin d’avoir été déjà confrontée au surgissement d’un chevreuil sur la route pour prendre sa décision dans la milliseconde. Elle agit grâce à l’expérience partagée de milliers d’autres véhicules. Idem pour l’airbag du skieur qui s’adapte dans l’instant au type de chute, pour le diagnostic médical ou le geste du robot qui opère.
Cette nouvelle forme d’intelligence agrégée fonctionne grâce à la combinaison de l’Internet de milliards d’objets connectés de notre environnement, de millions d’individus en mobilité, équipés de plus en plus de capteurs bon marché, produisant toujours plus de données dans le cloud.
« Le numérique n’est pas un point d’arrivée ou une simple destination, mais une fondation », a résumé à Las Vegas la pdg d’IBM, Ginni Rometty.
La techno devient une extension de nous-mêmes. Tous les secteurs sont forcés de se réinventer en raison de la connectivité permanente. Et nous n’en sommes qu’au début. Car aujourd’hui, ajoute-elle, dans cette informatique cognitive et neuronale, qui acquiert, met en œuvre et transmet des connaissances à la vitesse de la lumière, « 80% des données ne sont pas encore comprises et sont donc inutilisées ».
« C’est terrible, mais nous en savons aujourd’hui plus sur notre voiture que sur notre corps », observe le pdg d’Under Armour qui transforme son groupe d’articles de sport en leader de « la forme connectée » et du « coaching cognitif » en exploitant les données des utilisateurs, « nos prochaines ressources naturelles ».
Même mouvement pour Medtronic (biotechnologie) qui assure être en mesure d’anticiper de 3 heures une crise d’hypoglycémie chez les diabétiques, des firmes de reconnaissance faciale pour les malades d’Alzheimer, ou de Softbank qui équipe son robot Pepper d’une connexion permanente avec les ressources d’IBM Watson.
Animée aussi par les géants Intel, Google, Facebook, Apple, Amazon, Microsoft, Samsung, Qualcomm, cette nouvelle vague technologique (Internet des objets, robotique, intelligence artificielle), qui privilégie l’expérience sur les produits, repose sur la puissance informatique débridée, l’intelligence distribuée et l’Internet personnalisé. Sur une meilleure reconnaissance des humains et compréhension de l’espace par les machines.
Selon le Ericsson Consumer Lab, l’intelligence artificielle va mettre fin à l’ère des écrans, y compris des smart phones.
Ce n’est donc pas un hasard si la part de la TV, jadis au coeur du salon, est aujourd’hui dissoute dans une vaste diversification des fabricants d’électronique grand public (smart, électroménager, santé, sièges avions, voitures…).
De nouveaux écosystèmes technos de plus en plus matures
Pas de nouveaux gadgets prédominants cette année pour ce rendez-vous annuel des acteurs du numérique, mais beaucoup de choses autour des voitures connectées, avec la présence de 9 sur 10 des plus grands constructeurs mondiaux, des wearables en très forte progression, liés notamment à la santé et au fitness.
La part des chinois avec des centaines de booths pour vendre des produits de masse, est toujours plus grande. Des coopérations se développent, et des passerelles se forment entre tous les secteurs.
« Dans 5 ans, prévoit LG, chacun disposera de 25 objets connectés ».
Les capteurs sont déjà partout. Ils équipent les drones autonomes, qui ne sont plus des jouets, les hoverboards, les technos de réalité virtuelle, qui semble bien devenir la prochaine plateforme pour raconter des histoires, faire jouer les jeunes et montrer le sport, et même votre frigo qui ne pourra bientôt plus se passer de connexion Internet dans la nouvelle maison intelligente.
Dans la progression rapide de l’Internet de tout, qui cimente l’invraisemblable orgie technologique exposée au CES cette semaine à Las Vegas, ce qui frappe c’est la montée en puissance — en toile …
Segway, oeuvrant avec Ninebot, Xiami et Intel, a montré son nouveau mode de transport qui peut se transformer en robot personnel autonome.
Le drone chinois EHang avec passager a aussi fait sensation :
L’impression 3D se démocratise et se professionnalise (on peut facilement acheter des consommables).
TV/vidéo : tout le monde travaille sur la découvrabilité
Dans le divertissement, les systèmes se multiplient pour aider l’utilisateur à se retrouver dans un océan de contenus vidéo. Samsung propose une télécommande unifiée pour tous les appareils connectés du salon et une nouvelle interface TV qui jongle sans friction entre les box, les offres OTT et les chaînes. Elle accueille même les jeux de la PlayStation de son concurrent Sony.
Netflix, qui travaille aussi sur une amélioration de la découvrabilité de ses contenus, s’est ouvert 130 nouveaux pays, devant de facto la 1ère Internet TV vraiment mondiale (sauf la Chine).
Et YouTube, qui va coopérer avec GoPro, a assuré que « la vidéo dépasserait la TV en 2020 ». Elle s’affiche en tous cas mobile et immersive (360°). Et se diversifie sur un nombre toujours plus grand d’écrans, même si les tablettes sont en train de s’effacer au profit des phablettes type iPhone 6 ou Galaxy ou des laptops convertibles. Les prix moyens continuent de baisser partout. Les deux bouts du marché aussi : low cost comme terminaux premium. Le LED ultrafin (plat et non courbé) en 4K HDR 55″ sera vendu à partir de 1.200 €. Le Chinois HiSense se donne les moyens de percer en Europe, notamment par les prix.
Et alors que les chaînes de TV traditionnelles accèdent péniblement à la HD, les constructeurs améliorent encore la 4K pour passer au format supérieur en attendant la 8K: le « HDR » (high dynamic range), adopté par les pure players à la Netflix ou bientôt YouTube. Sans se passer bien sûr d’une guerre de standard : Dolby Vision vs HDR 10.
Le bouton Netflix sur la télécommande est désormais un « must have » pour toutes les marques dans tous les pays. On a même le sentiment que pour vendre des télés, il faut désormais ajouter Amazon, YouTube, Netflix Inside !
LG, l’autre grand coréen, a montré son prototype d’écran enroulable, dit « papier peint » :
Les start-up prennent de plus en plus de place
Tous les besoins de niches (non traités par les géants) sont adressés désormais par le hall réservé aux centaines de start-ups (les futures GoPro, FitBit, IBeacon, …). L’internet des objets y domine presque exclusivement, avec des capteurs de tout et des contrôleurs (télécommande, panneaux tactiles, …). Le paiement NFC est en plein boom.
Là aussi une présence très internationale avec des dominantes : les américains, la FrenchTech bien sur (1/3 des 500 exposants start-ups), Israël (avec une vingtaine mais plus avancées), les allemands. Les start-ups se sentent plus fortes « en meute » pour émerger dans cette jungle ou s’intègrent à des clubs (délégation, ou sociétés comme Samsung, La Poste, Engie, Sigbee).
Une présence très hétérogène aussi : certains projets qui ressemblent à projet de fin d’études ou au concours Lépine, côtoient d’autres qui ont des perspectives de forte rentabilité immédiate. La plupart vendent déjà sur Amazon. Indiegogo et Kickstarter sont omniprésents.
(Avec Philippe Bourquin, directeur du développement et télévision connectée, France Télévisions Editions Numériques)
Source : CES 2016 : la vraie nouveauté n’était pas exposée ! | Meta-media | La révolution de l’information